
La poésie radhavienne fait partie des branches anciennes et authentiques de la poésie religieuse persane, née et nourrie sous la lumière de l’amour et de la dévotion envers l’Imam Rezâ (AS), le huitième imam, surnommé le garant des gazelles.
La diversité des points de vue et des modes d’expression de cette dévotion constitue l’une des particularités de cette poésie : une pluralité qui en accroît le charme et, en même temps, reflète l’immensité des fidèles de cet imam vénéré, issus d’orientations, de croyances et de traditions variées. Les poètes de langue persane, du passé à nos jours, se sont efforcés de ne pas brader la bénédiction du langage et de préserver la dignité du mot. De ce point de vue, le fait de chanter les louanges de l’Imam Rezâ (AS) est, pour tout poète amoureux, une grâce céleste ; et la poésie elle-même devient une offrande venant du Roi du Khorassan.
Selon les spécialistes, le premier poème en persan dédié à l’Imam Rezâ (AS) appartient à Sanaï Ghaznavi, grand poète et maître de la qasida au VIIᵉ siècle de l’Hégire. Bien que les chercheurs aient présenté Sanaï comme de rite hanafite, la ferveur de sa dévotion envers les Ahl al-Bayt (AS) transparaît si fortement dans ses vers que certains pensent qu’il aurait changé de confession.
La qasida qu’il consacre à « l’éloge du huitième imam » dans son Dîwân est l’une de ses innovations poétiques. On y perçoit l’influence du mysticisme sur sa pensée ainsi que son éloignement des fanatismes sombres. Le poète y considère le sanctuaire de l’Imam Rezâ comme une source de sérénité et de paix intérieure, dont le souvenir apporte secours dans les moments difficiles de l’au-delà.
Les thèmes principaux de ce poème peuvent être regroupés ainsi : L’expression directe de la dévotion du poète envers l’Imam Rezâ (AS). Sanaï démontre que s’attacher à la corde de son amour est un moyen de sauver l’humanité de l’incrédulité. Le rôle et la valeur du sanctuaire radhavien aux yeux du peuple, ainsi que l’importance du pèlerinage à la tombe de l’Imam (AS).
À travers ces vers, on comprend la place qu’occupait déjà le mausolée aux VIᵉ et VIIᵉ siècles et comment les pèlerins affluaient de toutes les contrées du monde musulman vers Machhad pour visiter ce grand Imam (AS).
Cette qasida, qui compte parmi les chefs-d’œuvre de la littérature radhavienne, se présente comme suit :
Qasida de Sanaï en l’honneur de l’Imam Rezâ (AS)
La religion a son sanctuaire au Khorassan,
Qui rendra faciles pour toi les difficultés du Jour du Jugement
Un signe des miracles de la charia d’Ahmad,
Un témoignage éclatant de la religion de Dieu
Toujours, son chemin est celui du besoin comblé,
Toujours, sa porte mène au pardon divin
De loin, il apaise le cœur en détresse,
De près, il éblouit l’œil dans la stupeur
Au prix du ciel se rachète la poussière de ses routes,
Chaque désert s’efface devant la trace de ses pèlerins
Sans le nom de Rezâ, toujours sans renom,
Sans la dignité de Rezâ, toujours sans dignité
Il n’y a personne qui ne soit satisfait de toi,
Il n’y a personne qui soit en colère contre toi
Je l’intègre dans cette qasida,
Car on ne peut délaisser ce vers
Ô toi dont l’inimitié est mécréance et l’amour vers toi, foi,
Grâce à toi se distingue le mécréant du musulman
Dans le pan de ton amour j’ai mis ma main,
Afin que l’incrédulité ne saisisse pas mon col
Le royaume divin appartient à Ali,
Mon cœur se brûle dans le chagrin de ton exil