Iran-Russie : accord technique sur le rail, mais Téhéran garde la main sur le chantier clé d’Astara

Lors d’un entretien, Houshang Bazvand, directeur général de la Société de construction et de développement des infrastructures de transport d’Iran, a fourni des précisions importantes sur le projet ferroviaire stratégique reliant Rasht à Astara, ville frontalière avec l’Azerbaïdjan. Il a indiqué que l’Iran était d’accord avec environ 70% des propositions techniques russes concernant la construction de cette ligne. Les désaccords restants, qualifiés de techniques, portent principalement sur la conception des gares. Selon Bazvand, les Russes, forts de leur longue expérience en la matière, ont une approche qui ne correspond pas entièrement aux attentes iraniennes. Ces points de friction doivent être réglés lors d’une prochaine visite en Russie. Il a toutefois fermement précisé que le maître d’œuvre principal du projet serait iranien, en l’occurrence le Gharargah Khatam al-Anbiya, une importante entité de construction affiliée aux forces armées, et non une entreprise russe.

Au-delà de ce projet spécifique, Bazvand a exposé la vision iranienne en matière de corridors de transport, soulignant leur importance géopolitique et économique bien au-delà du simple transit de marchandises. Il a reconnu la concurrence régionale, citant les projets de corridors développés par l’Iraq autour des ports de Faw et d’Umm Qasr. Pour l’Iran, ces corridors sont des leviers d’influence politique et de puissance logistique. Il a donné l’exemple du couloir de Zangezur (liant l’Azerbaïdjan à son exclave du Nakhitchevan via l’Arménie), dont la seule annonce a, selon lui, eu un impact politique significatif avant même tout début de construction.

Concernant la stratégie nationale, Bazvand a détaillé la planification des corridors. Dans le domaine ferroviaire, l’Iran a défini 9 corridors : six nord-sud et trois est-ouest. Le plus emblématique est le corridor nord-sud reliant Astara à Chabahar (sur la mer d’Oman). Il a également évoqué le projet d’extension vers Zahedan. Pour les autoroutes, 11 corridors sont prévus (dont 6 nord-sud et 3 est-ouest), les plus importants formant une ceinture périphérique autour du pays pour connecter les frontières avec tous les voisins (de Bazargan à Shalamcheh, puis à Chabahar, et de là à Sarakhs avant de boucler la boucle). Enfin, sept corridors de voies express sont en cours de réalisation en partenariat public-privé, le plus important étant l’axe mer Caspienne – golfe Persique (de Chalus à Mahshahr), financé à 53% par le secteur privé.

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