
La ville de Yazd, située en Iran, est reconnue pour ses traditions profondément enracinées liées à la commémoration d’Achoura, un événement majeur du calendrier chiite qui marque le martyre de l’Imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet. Les pratiques culturelles et religieuses témoignent d’un attachement fort à la mémoire d’Achoura et d’une transmission intergénérationnelle des valeurs de sacrifice, de justice et de résistance.
La commémoration d’Achoura à Yazd est une tradition profondément enracinée, riche en rituels et en symboles qui reflètent la ferveur religieuse et culturelle de ses habitants. Yazd, souvent appelée « Dar al-Ebadah » (la maison de la dévotion), est connue pour ses cérémonies de deuil particulièrement impressionnantes et authentiques lors du mois de Muharram, notamment les jours de Tasoua et Achoura.
Les rituels à Yazd incluent plusieurs éléments clés. L’un des plus emblématiques est la « Nakhle-gardani » (port de la palme), un rituel ancien où une structure en bois appelée « Nakhleh », symbolisant le cercueil de l’Imam Hussein ou les martyrs de Karbala, est décorée et portée en procession. Cette palme est ornée de 72 épées représentant les compagnons de l’Imam. Les participants, vêtus de noir, marchent en chantant des lamentations et des poèmes religieux, certains pieds nus, en signe de deuil et d’humilité.
Les processions sont accompagnées de chants religieux (madahi) et de récitations des tragédies d’Achoura, souvent mises en scène lors des représentations théâtrales appelées « Ta’ziyeh », qui recréent les événements de Karbala. Ces représentations sont un moment fort de la commémoration, où la souffrance et le sacrifice de l’Imam Hussein sont dramatisés pour transmettre leur message aux générations présentes.
Les « Hey’at » (groupes de deuil) jouent un rôle central. Certains de ces groupes, comme ceux de Fahadan, Alqameh ou Ba’athat, ont des traditions qui remontent à plusieurs siècles, avec des chants et des pratiques spécifiques transmises de génération en génération. Ces rassemblements sont aussi des moments de solidarité communautaire, où les participants partagent nourriture et boissons, et expriment leur attachement à la mémoire d’Achoura.
Un autre aspect important est la participation des jeunes, notamment dans la « Dasteh Saqqa », où des adolescents vêtus de noir portent des jarres d’eau et distribuent des rafraîchissements, rappelant l’aide apportée aux martyrs de Karbala.
Enfin, les cérémonies se prolongent souvent jusqu’au 13e jour de Muharram, avec des événements spécifiques comme la procession de « Hey’at Bani Asad », où sont portés des cercueils symboliques des martyrs, suivis de représentations théâtrales supplémentaires.
Ces rituels à Yazd sont un mélange unique de piété, de culture et de mémoire collective, qui ont valu leur inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO, soulignant leur importance pour la diversité culturelle mondiale et la transmission des valeurs de courage, de justice et de foi.