Pour nous, les Iraniens, la patrie a une signification particulière. Quelle que soit notre croyance ou notre conviction, l’Iran semble être notre dénominateur commun, un lien aussi élevé que le mont Damavand et aussi ancien que les poèmes de Roudaki et les épopées de Ferdowsi. Tant de cyprès sont tombés pour sa stabilité, et tant de sang a été versé sans hésitation pour sa prospérité. Pour nous, la patrie est bien plus qu’un simple territoire : elle est notre honneur, notre dignité, que nous devons défendre et aimer de tout notre être.

Ces jours-ci, alors que le sol de notre pays a été violé par le régime sioniste, le sens de la patrie et du patriotisme est plus vivant que jamais. Le peuple, avec ses diverses croyances et malgré les plaintes qu’il peut avoir, s’est rassemblé, a résisté et est devenu une source d’encouragement pour les soldats qui, au péril de leur vie, sont allés affronter l’ennemi. Dans ce contexte, l’art reste le seul langage capable de transmettre fidèlement les émotions collectives des Iraniens. Ces derniers jours, de nombreuses œuvres ont été créées ou rediffusées sur les réseaux sociaux : des œuvres qui parlent au nom du peuple, dans les rues comme dans les foyers, et qui ont rapidement trouvé une place dans le cœur du public. Parmi elles, la chanson « Voyage pour la patrie » (Safar be khâter-e vatan) se distingue. Ce morceau, interprété d’une voix chaude par Mohammad Nouri sur un poème du défunt Nader Ebrâhimi, a toujours été rediffusé lors de moments importants.

Mohammad Nouri, qui avait déjà conquis de nombreux auditeurs avec « Nazanin Maryam », donne ici voix à un peuple qui, pour l’élévation et la stabilité de sa patrie, a « traversé les douleurs du temps ».

« Voyage pour la patrie » est une chanson patriotique, mais différente des morceaux traditionnels au rythme martial : la tendresse du regard poétique porté sur l’Iran, et l’approche originale du thème font que cette chanson se distingue des autres œuvres similaires et s’est rapidement imposée comme une référence incontournable parmi les Iraniens. Malgré les décennies écoulées depuis sa création et la sortie de nombreuses autres œuvres à tonalité patriotique, elle n’a jamais perdu de sa fraîcheur.

Farzaneh Mansouri, épouse du regretté Nader Ebrâhimi, a déclaré à propos du contexte de création de cette chanson : « Nader a écrit les paroles de ce morceau et en a fredonné la mélodie au défunt Shahbâziân, qui a ensuite réalisé l’arrangement musical. C’est lui qui a proposé Mohammad Nouri pour l’interprétation. Cette chanson, avec l’image de la patrie, fait partie des œuvres marquantes de la guerre imposée de huit ans (guerre Iran-Irak), à une époque où nous n’avions pas autant de chansons patriotiques. À ce moment-là, ces deux morceaux étaient diffusés à chaque victoire, à la radio et à la télévision. »

À la question de savoir ce qu’elle a ressenti en entendant à nouveau cette chanson récemment, Farzaneh Mansouri a répondu : « Je me souviens du jour où la chanson a été enregistrée sur cassette. Nader est rentré à la maison, comme toujours, en courant. Il était heureux que l’enregistrement ait eu lieu. Quand il a mis la cassette et que nous avons écouté le morceau, Nader, moi et les enfants, nous avons tous fondu en larmes. Cette chanson fait toujours revivre ce sentiment patriotique, dans le sens d’aimer sa terre et son peuple. Elle ravive les douleurs que la patrie a subies tout au long de son histoire, et souligne combien il est crucial de la protéger aujourd’hui. »

Mais « Voyage pour la patrie » n’est pas la seule œuvre où l’on peut percevoir les préoccupations patriotiques d’Ebrâhimi. L’Iran est une constante dans la plupart de ses œuvres, écrites avec cette passion pour différents groupes d’âge. Farzaneh Mansouri a ajouté à ce sujet:

« L’amour pour la patrie est visible et perceptible à travers toutes les œuvres de Nader Ebrâhimi. Sa passion pour l’Iran déborde dans chaque ligne, qu’il écrive pour les enfants, les adolescents ou les adultes. Son souci de la patrie peut se résumer dans cette phrase célèbre de Nader :

Si j’adore ma patrie, ce n’est pas par culte de la matérialité terrestre, mais parce que j’adore profondément les pas du peuple qui vit sur cette terre.” »

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