Maître Lotfi, un artiste qui a libéré la musique de la cage des répétitions pour la projeter dans le ciel de la création. Mohammad Reza Lotfi n’était pas seulement un musicien, mais un symbole de résistance culturelle et de renouveau de la musique traditionnelle iranienne. Compositeur et virtuose de nombreux instruments tels que le santour, le târ, le setâr, le kamâncheh, le ney et le piano, il est devenu l’un des maîtres les plus éminents dans ce domaine grâce à ses œuvres uniques et ses recherches dans la musique classique iranienne, inscrivant son nom à jamais dans l’histoire de cet art.

Mohammad Reza Lotfi est né le 7 janvier 1947 à Gorgan, dans une famille cultivée. Ses parents, tous deux enseignants originaires de Gorgan, ont joué un rôle fondamental dans son éducation. Sa mère, en plus de son métier d’enseignante, enseignait aussi le Coran. Son père, quant à lui, abandonna l’enseignement pour se consacrer au commerce et à l’agriculture. Lotfi racontait : « Mon père et ma mère étaient tous deux amoureux de la musique ; mon père était chanteur et joueur de târ. »

Il fit ses études générales dans sa ville natale, puis, à l’aube de sa jeunesse, il s’installa à Téhéran pour apprendre le târ. Il s’inscrivit d’abord aux cours du soir du Conservatoire de musique, puis fut admis aux cours de jour et suivit, durant cinq ans, l’enseignement libre de maîtres tels qu’Ali Akbar Shahnazi et Habibollah Salehi. Lotfi était l’un des fondateurs du Centre Chavosh (1977), un lieu où la musique iranienne s’est mêlée aux messages révolutionnaires et sociaux. Des œuvres comme Iran, ô terre d’espoir (chantée par Mohammad Reza Shajarian) et Sepideh (avec un poème de Houshang Ebtehaj) sont des exemples brillants de cette période. Son approche unique mettait l’accent sur l’improvisation créative, préférée à la simple imitation des œuvres du passé. Sa méthode d’enseignement se basait sur « l’apprentissage par l’écoute et l’expérience », plutôt que sur la simple lecture de partitions.

Maître Mohammad Reza Lotfi est décédé le 2 mai 2014, à l’âge de 68 ans, à Téhéran, des suites d’un cancer. Conformément à sa volonté, il a été enterré dans sa ville natale de Gorgan. Lotfi n’était pas un simple instrumentiste, mais un philosophe du târ, pour qui la musique était un outil de recherche de vérité. Il dépassa les cadres traditionnels sans jamais trahir l’esprit de la musique iranienne. Aujourd’hui, son œuvre constitue un pont entre les générations anciennes et nouvelles de la musique iranienne.

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