Le Tourisme Médical en Iran : Un Géant aux Pieds d’Argile face à la Nécessaire Révolution des Intermédiaires

Le tourisme médical iranien représente un paradoxe saisissant : le pays dispose d’atouts considérables – une expertise médicale reconnue dans des domaines de pointe comme la transplantation d’organes, l’infertilité ou la chirurgie cardiaque, et des coûts extrêmement compétitifs – qui lui permettraient théoriquement d’attirer des patients du monde entier. Pourtant, cette industrie reste en deçà de son immense potentiel. Le principal frein identifié n’est pas la qualité des soins, mais l’écosystème opaque et fragmenté qui l’entoure. La présence envahissante d’intermédiaires et de « dallal » (courtiers non régulés), l’absence d’une plateforme nationale transparente pour les patients internationaux et le manque de coordination entre les différentes institutions étouffent la croissance du secteur et nuisent à son image.

Face à ce constat, le gouvernement a fixé un objectif ambitieux inscrit dans le septième plan de développement : atteindre 6 milliards d’euros de revenus annuels d’ici cinq ans. Pour y parvenir, une refonte en profondeur est en cours. Les autorités, via le Conseil de pilotage du tourisme médical, travaillent sur plusieurs leviers stratégiques. La priorité est de professionnaliser et de clarifier la chaîne de valeur. Cela passe par la formation obligatoire des acteurs (agences de voyage, hôpitaux, hôtels), la répression des activités illégales et le développement crucial d’une plateforme nationale de recensement et d’admission des patients internationaux, actuellement en phase de test dans la province du Khorasan. Cet outil est essentiel pour avoir une vision claire du flux des patients et pour instaurer un cadre de confiance.

La réussite de cette ambition dépendra également d’un effort massif de marketing international et de branding. Comme l’ont démontré des concurrents directs tels que la Turquie, sans un investissement public soutenu pour promouvoir la marque « Iran Medical Tourism » sur la scène mondiale, il sera difficile de capter une part significative du marché. Le développement d’infrastructures dédiées, comme les hôtels-hôpitaux (« hôtel-bimarestan ») répondant à des standards internationaux, est tout aussi critique. L’objectif des 6 milliards d’euros n’est pas hors de portée, mais il exige une transformation structurelle qui remplace l’opacité des intermédiaires par la transparence d’un écosystème organisé et professionnel, capable d’offrir une expérience fluide et sécurisée au patient international de son arrivée jusqu’à son départ.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *