Les spectacles rituels en Iran possèdent une longue histoire, mais le récit de Kerbala est une autre affaire : un épisode singulier dont le théâtre iranien a largement tiré parti. Les dramaturges s’en sont fortement inspirés, et de grands metteurs en scène l’ont abordé sous des angles variés pour en faire des représentations scéniques marquantes.

Des représentations de ta’ziyeh traditionnel aux spectacles modernes, le théâtre d’Achoura en Iran a parcouru un long chemin. De nombreux metteurs en scène iraniens ont, dans une démarche artistique, tenté d’aller au-delà des rituels de deuil pour explorer les dimensions humaines, morales et sociales de cet événement. Aux côtés du ta’ziyeh, héritage ancien du théâtre religieux iranien, certains metteurs en scène contemporains ont tenté de raconter Achoura sous un angle nouveau et dans des formats scéniques différents. Des récits parfois allégoriques, parfois proches du documentaire, mais toujours animés par le désir de faire résonner cette tragédie historique avec notre présent.

Nous proposons ici un regard sur quelques-unes des œuvres majeures du théâtre d’Achoura en Iran :

« Les Chevaux »

L’un des exemples emblématiques de cette tendance théâtrale est la pièce « Les Chevaux », mise en scène par Mohammad Rahmanian. Il s’agit d’un récit poétique et symbolique de Kerbala, raconté du point de vue du cheval sans cavalier de l’Imam Hussein (as). Sans recours à des images violentes, la mise en scène fait de la tragédie une blessure vive dans l’âme du spectateur.

« Terror »

La pièce « Terror », écrite et mise en scène par Hamidreza Naeimi, est une autre œuvre marquante reliant habilement l’événement de Kerbala aux réalités historiques contemporaines. Ibn Moljam doit surmonter ses doutes et ses hésitations pour frapper avec détermination l’Imam Ali (as) pendant la prière. Mais Naeimi confie cette épée à ceux qu’il désigne comme les véritables conspirateurs : les terroristes qui, aujourd’hui encore, plongent le monde musulman dans les ténèbres.

« Hayhat »

Dans « Hayhat », mise en scène par Amir Dejakam, c’est un regard social qui est porté sur le récit d’Achoura. La pièce considère Achoura comme un critère pour évaluer notre époque : peut-on encore résister ? Peut-on encore choisir ?

Le théâtre d’Achoura invite à la réflexion

Le ta’ziyeh continue d’inspirer bon nombre de ces œuvres, tant dans leurs formes scéniques que dans l’usage de la musique et des chants traditionnels. Pourtant, la différence majeure avec le ta’ziyeh réside dans leur approche : ces spectacles ne se contentent pas de reproduire, ils repensent. Ils interpellent le spectateur, l’invitent à ne pas être seulement en deuil, mais aussi à se questionner.

Le théâtre d’Achoura en Iran est en constante expansion : un espace vivant et dynamique où Kerbala n’est pas seulement une élégie historique, mais un miroir tendu à notre présent. Dans un monde toujours marqué par l’injustice, le silence et les abus de pouvoir, ces nouvelles interprétations d’Achoura nous invitent plus que jamais à la réflexion.

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