Le tableau intitulé Le soir d’Achoura a été peint par le peintre et miniaturiste iranien Mahmoud Farshchiân en 1976. Il présente l’un des événements les plus tragiques de l’histoire islamique : la bataille de Karbala.

Le 10 mouharram de l’an 61 de l’Hégire, après la fin de la bataille de Karbala — entre l’Imam Hussein (petit-fils du Prophète) et l’armée de Yazid Ibn Mu‘awiya —, le cheval de l’Imam revient seul du champ de bataille vers le camp où se trouvent les femmes et les enfants. La peinture comporte des détails minutieux, tels que les taches de sang sur le corps du cheval, évoquant la violence extrême de la bataille ; le harnachement en désordre traduit l’angoisse ressentie par les survivants et même par l’animal. Autour du cheval, les femmes et les enfants de la famille du Prophète, apprenant la perte de leur Imam, expriment leur chagrin en pleurant.

L’œuvre exprime profondément la tristesse et la douleur. Les femmes et les enfants ont perdu leur protecteur ; le cheval, son cavalier. Les flèches ensanglantées gisant au sol illustrent la violence et l’agression de l’ennemi. La selle vide qui symbolise le martyre de l’Imam et son absence. On dirait que non seulement la famille est dévastée et accablée, mais que le cheval lui-même pleure la perte de son maître. Les femmes et les enfants cachent leurs visages, mais les couleurs de leurs vêtements révèlent qu’ils traversent une situation de détresse et de délabrement.

Un cheval sans cavalier et un fourreau sans épée deviennent ici les symboles de l’absence et du martyre. En l’absence de l’Imam Hussein, les survivants entourent l’animal et le chérissent comme le dernier compagnon de l’Imam. Le cheval, à son tour, semble ressentir le chagrin et la douleur. La famille semble même le soutenir pour qu’il ne s’effondre pas. Par ce tableau, le peintre transmet l’idée que la tragédie d’Achoura porte pour toujours le message éternel de la résistance face à l’oppression.

Le soir d’Achoura n’est pas une simple peinture : c’est un récit visuel, poignant et tragique, qui parle de résistance face à l’oppression, de bonté face au mal. Aujourd’hui, l’œuvre est conservée au musée Astan Qods Razavi, à Mashhad. Elle est inscrite au patrimoine culturel national iranien comme un chef-d’œuvre de l’art miniature persan, relatant l’histoire tragique d’un moment culminant de l’histoire de l’Islam.

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