Le Khatam Kari est un art traditionnel iranien particulièrement développé à Ispahan, célèbre pour sa précision et son esthétique raffinée. Cette technique ancestrale relève de la marqueterie, un travail d’incrustation où la surface d’objets en bois ou métal est décorée par de minuscules pièces taillées en formes géométriques, principalement des triangles, qui sont assemblées pour former des motifs répétitifs complexes.

Le processus commence par la préparation minutieuse de petits morceaux de bois (ébène, teck, oranger, rose…), d’os (souvent de chameau) et de métaux (laiton, argent, or) découpés en baguettes triangulaires appelées « bâtons ». Ces éléments sont ensuite rassemblés et collés pour former des faisceaux appelés « pareh ». Ces faisceaux sont coupés en fines tranches, révélant ainsi des sections transversales présentant des motifs réguliers, souvent en forme d’étoiles, d’hexagones ou d’autres polygones rigoureux.

Après plusieurs étapes d’assemblage, collage, pressage puis polissage, ces plaques décorées sont appliquées sur les objets à orner tels que des boîtes, des cadres, des miroirs, des panneaux de portes, et même des instruments de musique. La finesse des morceaux et la complexité des dessins déterminent la qualité de l’œuvre, qui peut comporter, pour les motifs les plus élaborés, plusieurs centaines de petites pièces imbriquées.

L’histoire du Khatam Kari remonte au moins à la dynastie safavide (XVIe-XVIIIe siècles), époque où cette forme d’art s’est particulièrement épanouie grâce au soutien des souverains. Ispahan est alors devenu un centre majeur de production, rivalisant avec Shiraz, autre ville importante pour cet artisanat. Ces derniers siècles, cet art a survécu et s’est modernisé sans jamais perdre son âme, restant un symbole privilégié du patrimoine iranien.

Sa technique minutieuse demande des centaines d’heures de travail, une patience extrême et une grande dextérité, aboutissant à des œuvres qui mêlent élégance, précision mathématique, et un riche héritage esthétique oriental.

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