
Peu de jours après avoir appris la nouvelle du martyre de l’Imam Hussein (AS), Jâbir ibn Abdollah al-Ansârî, compagnon éminent du Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui et sa famille), décida de se rendre à Kerbala. Ni son grand âge, ni la distance, ni la brutalité du pouvoir omeyyade sous Yazid et Ibn Ziyâd ne purent le dissuader. Son élève, ‘Atiyyah al-‘Awfî, l’accompagna dans ce voyage historique.
Selon Cheikh al-Toussi, Jâbir fut le premier visiteur de la tombe sacrée de l’Imam Hussein (AS), arrivant à Kerbala le 20 Safar de l’an 61 de l’Hégire, quarante jours après l’événement tragique d’Achoura. Cet acte marque la première commémoration connue de l’Arbaïn, quarantième jour du martyre. Arrivé sur les rives de l’Euphrate, Jâbir fit ses ablutions rituelles, se parfuma et, vêtu comme un pèlerin en état d’ihrâm, s’avança vers le tombeau de l’Imam en récitant des invocations. Lorsque ‘Atiyyah guida sa main jusqu’à la tombe de l’Imam Hussein (AS) , Jâbir s’évanouit sous l’émotion. Réveillé, il se tourna ensuite vers les martyrs de Kerbala, saluant leurs âmes et attestant qu’ils avaient accompli la prière, donné la zakât, ordonné le bien, interdit le mal et lutté contre l’impiété jusqu’à leur dernier souffle.
Ce pèlerinage avait aussi un but stratégique : briser le silence imposé par le régime omeyyade et ouvrir la voie aux futurs visiteurs. Par ce geste, Jâbir érigea un symbole de résistance et d’amour pour la vérité, ravivant la mémoire des martyrs. L’acte de Jâbir reste, à travers l’histoire, le premier geste concret de commémoration de l’Arbaïn, devenu aujourd’hui un immense rassemblement mondial où des millions de pèlerins marchent vers Kerbala pour honorer la mémoire du Maître des Martyrs, l’Imam Hussein (AS).
Ô cité de notre grand-père, ne nous accueille pas !
Car nous revenons vers toi pleins de regrets et de chagrins !
Nous t’avons quittée entourées de tous nos chers,
Et nous revenons aujourd’hui sans hommes ni enfants.
Ô Messager de Dieu ! Ta famille a été sacrifiée,
Et leurs corps sont restés nus sous le soleil brûlant de Kerbala, leurs biens pillés
Ô Fâtimah ! Si tu voyais tes filles captives,
Dispersées et traînées à travers les villes,
Et si ta vie en ce monde était éternelle,
Tu pleurerais jusqu’au Jour du Jugement, sans cesse
Ô notre grand-père ! Hussein a été tué…