Iran-Russie-Inde : un corridor gazier stratégique pour défier l’hégémonie américaine en Eurasie

Le projet de connexion directe gazière entre l’Iran, la Russie et l’Inde dépasse largement une initiative économique classique ; il s’inscrit dans une stratégie géopolitique et de sécurité visant à contrer l’influence des États-Unis et des pays occidentaux. Selon Zahra Fallahi, experte en énergie, la compétition mondiale reste dominée par les enjeux énergétiques, notamment le pétrole et le gaz, où la région eurasienne, le Caucase et l’Asie du Sud jouent un rôle central.

Les États-Unis ont, par leur présence directe et indirecte dans le Caucase et l’Asie centrale, tenté de restreindre les routes énergétiques venant de Russie et d’Iran. Ce faisant, ils cherchent à affaiblir la puissance économique russe et à marginaliser le rôle iranien sur le marché énergétique et dans les corridors internationaux.

En contrepartie, la formation d’un bloc oriental réunissant Russie, Chine, Iran, Inde et autres membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et des BRICS, ouvre une fenêtre d’opportunités pour renforcer la coopération énergétique et commerciale. La connexion gazière directe Iran-Russie-Inde constituerait une réponse ferme à l’ingérence américaine, en réaffirmant l’intégration énergétique régionale.

La géographie joue un rôle clé : l’Iran se trouve au cœur des flux énergétiques d’Eurasie, jouxtant au nord des pays riches en ressources gazières comme la Russie et le Turkménistan, offrant au sud un accès à la mer d’Oman et au golfe Persique, tout en servant de pont vers les marchés de l’Asie du Sud et l’Europe à l’ouest. Ce positionnement lui confère une place stratégique unique pour devenir un corridor énergétique nord-sud et est-ouest.

Si la route gazière passant de la Russie via la mer Caspienne, le territoire iranien jusqu’au port de Chabahar puis vers l’Inde se concrétise, ce corridor deviendrait la voie la plus courte et la plus sécurisée pour l’acheminement du gaz russe vers le sous-continent indien, évitant les chemins fragiles du Caucase ou de la mer Noire.

De plus, ce projet rompt les plans américains visant à contrôler les routes énergétiques et à empêcher une alliance entre l’Iran, la Russie et la Chine. En effet, des infrastructures telles que les pipelines Bakou-Tbilissi-Ceyhan ont été conçues précisément pour exclure ces acteurs. L’établissement de ce corridor iranien-change la donne en réduisant l’emprise américaine sur le marché asiatique de l’énergie et renforce la convergence du bloc oriental, affaiblissant la stratégie américaine d’isolement.

Ce canal gazière est donc une réponse stratégique qui démontre comment l’Iran et la Russie exploitent leurs atouts géopolitiques pour neutraliser les pressions occidentales. En outre, ce projet promet d’importants revenus pour l’Iran, d’améliorer les relations trilatérales entre Téhéran, Moscou et New Delhi, et de consolider la position de l’Iran en acteur majeur des marchés énergétiques mondiaux.

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