Au Festival de Fajr, un hommage vibrant à la lenteur et à la poésie du cinéma iranien

L’atelier « De l’imaginaire à la réalité » s’est tenu dans l’après-midi du lundi 10 Azar, lors de la trente-deuxième édition du Festival international du film de Fajr, à Chiraz, en présence d’Ahmad Bahrami, scénariste et réalisateur renommé, auteur de la trilogie Le désert silencieux, La ville silencieuse et L’homme silencieux.

Au cours de cet atelier, des réflexions et des recommandations ont été présentées à la nouvelle génération de cinéastes dans le domaine du cinéma poétique.

Consacré à la manière de transformer des images mentales en scénario puis en œuvre cinématographique, cet atelier avait pour objectif d’ouvrir un échange avec les cinéastes et cinéphiles au sujet du processus de création, de l’idée à la réalisation.

L’atelier a débuté autour du thème du cinéma poétique. À ce propos, Bahrami a déclaré : « Le véritable lieu du Festival international du film de Fajr, c’est Chiraz, car c’est la ville de la poésie. »

Il a poursuivi : « En Iran, chacun grandit avec la poésie ; qu’on le veuille ou non, nous possédons tous, au plus profond de nous-mêmes, un trésor de poésie qui influence nos films. »

Comparant Hollywood au cinéma poétique d’Iran, il a ajouté : « À Hollywood, on utilise généralement des plans courts qui privent le spectateur du temps de penser, alors qu’un rythme lent peut donner à un film un impact plus profond. »

Bahrami a expliqué : « J’aime beaucoup le modèle de cinéma de M. Kiarostami. Quand on réalise un film au rythme lent et poétique, il ne faut pas penser uniquement à attirer un large public, même s’il ne faut pas oublier qu’une grande partie du cinéma est une industrie et qu’il faut produire une œuvre rentable. »

Il a insisté sur la nécessité, pour les cinéastes, de lire et de nourrir leur esprit : « Il faut lire davantage de livres, de romans et de nouvelles pour pouvoir ensuite écrire un bon scénario. Je vois de moins en moins de gens qui ont la patience de regarder des films ; certains écrivent leur scénario en très peu de temps et le terminent ainsi. Au cinéma, il faut laisser beaucoup de place à l’imagination, car ce sont ces imaginaires qui, un jour, créent de grandes œuvres. »

Évoquant son propre processus créatif, le réalisateur a expliqué : « Rien n’est inaccessible. Dans le cinéma poétique, j’accorde davantage d’importance à l’image et au décor, et la caméra dépasse souvent le jeu des acteurs. Je pense d’abord à la forme, et dès que je réfléchis à un sujet, une forme naît dans mon esprit ; les deux naissent ensemble. À mon sens, la matière et la nature ont existé avant nous. Par conséquent, le décor, la scène et le lieu priment sur les acteurs. »

Nahid Sedigh, scénariste et réalisatrice iranienne, a également pris la parole lors de cet atelier : « Le regard du cinéaste sur ses sujets doit être un regard délicat, et la forme ainsi que la structure sont influencées par cette sensibilité. Dans les films poétiques, le rythme est plus lent, et lorsque le rythme ralentit, le spectateur dispose de plus de temps pour réfléchir. »

Encourageant l’audace expérimentale, elle a conclu : « Il n’existe aucun interdit absolu au cinéma. Dans le cinéma expérimental, vous pouvez bouleverser toutes les règles et faire tout ce que vous jugez juste. Pour faire un film, il faut qu’il y ait une préoccupation intérieure, un besoin d’expression émotionnelle que le cinéaste doit extérioriser à travers son œuvre. »

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