L’Iran et la Russie visent 5 millions de tonnes de fret maritime, pivot de la diversification économique

L’Iran et la Russie ont fixé un objectif ambitieux de 5 millions de tonnes de fret transporté par la mer Caspienne, un volume que le directeur de l’Organisation des ports et de la marine iranienne, Saïd Rassouli, juge atteignable. Pour y parvenir, les deux nations doivent développer conjointement leurs capacités de chargement et de déchargement, leurs infrastructures de stockage et leurs flottes maritimes. Cette ambition s’inscrit dans une feuille de route signée l’an dernier entre les ministres des Transports des deux pays, visant à maximiser leur coopération dans tous les modes de transport (maritime, ferroviaire, routier et aérien) d’ici 2025. Une initiative concrète est en cours avec la proposition iranienne de former un consortium maritime commun dans la Caspienne, dont l’accord-cadre devrait être signé dans le mois à venir.
Cette stratégie s’articule autour d’une vision plus large : le développement centré sur la mer comme moyen de libérer l’économie iranienne de sa dépendance au pétrole. L’Iran, avec ses 5 800 km de côtes et la deuxième flotte la plus importante de la Caspienne après la Russie, considère cette position comme un atout divin pour développer non seulement le fret, mais aussi le transport de passagers et le tourisme. Cette politique est officiellement inscrite dans les grandes orientations nationales et le septième plan de développement du pays. Le gouvernement actuel place la coopération avec les voisins, notamment via des initiatives comme le premier sommet des gouverneurs des provinces côtières de la Caspienne, au cœur de son action pour concrétiser ces partenariats stratégiques.
Pour devenir un corridor compétitif, l’Iran doit relever plusieurs défis. La baisse du niveau de la mer Caspienne menace la profondeur des côtes et des quais commerciaux, un problème qui nécessite une coopération technique et managériale aux niveaux national et régional entre les cinq pays riverains. Parallèlement, la compétitivité du corridor iranien dépend de sa capacité à offrir des coûts et des temps de transit inférieurs à ceux des routes périphériques. En capitalisant sur sa position géographique unique sur le corridor Nord-Sud et en favorisant la synergie entre les différents modes de transport, l’Iran aspire à jouer un rôle central dans la connexion des pays de la CEI aux eaux libres du Golfe, transformant ainsi sa géographie en un atout économique durable.