Vienne rend hommage à Mahmoud Farshchian, figure majeure de la miniature iranienne

Une cérémonie en hommage à Mahmoud Farshchian, grand maître de la miniature iranienne, s’est tenue à la salle Avicenne de Vienne.
Lors d’un événement organisé par le Service culturel de l’Iran en Autriche, à la salle Avicenne (Ibn Sina) de Vienne, un grand nombre de connaisseurs d’art, de professeurs d’université et d’amateurs d’art iranien se sont réunis pour honorer la mémoire du maître Mahmoud Farshchian, célèbre miniaturiste iranien. La cérémonie, intitulée « Le poète de la couleur et de l’amour » (Poet of Color & Love), a débuté par un discours d’ouverture de Bahman Namvar Motlagh, fondateur de l’Université Farshchian, ancien président de l’Académie nationale d’art d’Iran et professeur à l’Université Shahid-Beheshti.
Il a déclaré : « Le maître Farshchian faisait partie des rares artistes à avoir eu une influence profonde et durable dans le domaine de la peinture miniature iranienne. C’était un homme vertueux et humble, qui ne connut jamais l’orgueil.»
Il a ajouté : « Son œuvre est un mélange d’épopée, de mythe, de spiritualité et de rituel, englobant des figures allant de Ferdowsi à Moïse. Une œuvre peut évoquer la création, une autre le martyre et l’ascension spirituelle. Sa vision du monde était harmonieuse et évitait tout extrémisme. Parti de l’école d’Ispahan, il s’est ouvert aux écoles de Tabriz et de Machhad, puis, influencé par l’Europe, il a atteint une esthétique universelle. »
Namvar Motlagh a précisé : « Ses expositions en Chine, au Japon, en Europe et aux États-Unis témoignent de ce succès. Il est toujours resté un étudiant de l’art et insistait sur l’importance de l’enseignement, d’où la création en Iran d’une université portant son nom, axée sur une éducation spirituelle et esthétique. Lors de ses funérailles, la présence de toutes les générations, des enfants aux personnes âgées, a montré la noblesse de son âme. Sa disparition est une perte immense pour l’art contemporain iranien, et il sera difficile de lui trouver un successeur avant plusieurs décennies. »
Ensuite, Mohammad Mastandehi, peintre iranien, a déclaré : « Je peins depuis environ vingt ans, et ma passion pour cet art est née lorsque j’ai découvert les œuvres de Farshchian pendant mes années de collège. Dans le manuel Culture et Art, j’ai été bouleversé par ses couleurs éclatantes et l’atmosphère poétique de ses peintures. Farshchian étudiait longuement les œuvres de Rembrandt et Michel-Ange dans les musées du monde, restant jusqu’à la fermeture des salles. Cet effort a conduit à une fusion unique entre la miniature persane et le romantisme occidental. »
« Dans le premier volume de son recueil, on remarque sa fidélité aux principes traditionnels, mais ses œuvres plus récentes témoignent d’une recherche audacieuse qu’il faut attribuer à son esprit novateur. Nous avons perdu un grand homme, mais son art demeure éternel. », a-t-il poursuivi.
La conférencière suivante, Fargol Leïla Khatibi, peintre, enseignante et chercheuse en art, a souligné : « L’innovation dans la technique et le contenu était l’un de ses traits marquants. Bien qu’il travaillât dans le style safavide, il a profondément influencé l’histoire de l’art contemporain par son inventivité. Être son élève a été pour moi une expérience précieuse, et son nom restera à jamais gravé dans l’histoire de l’art iranien. »
Mohammad Hashemi, chercheur et professeur de philosophie de l’art, a ensuite analysé l’œuvre sous un angle philosophique : « Une partie du travail de Farshchian correspond aux fondements du traditionalisme dans la philosophie de l’art islamique. Dans cette perspective, la tradition est d’essence sacrée et transmise à partir de la révélation, contrairement à la conception occidentale qui la considère comme dépassée. »
Il a ajouté : « Dans ce cadre, l’artiste devient le reflet de l’image divine, créant, par le symbole et le mystère, un pont vers Dieu. Dans Abraham, le briseur d’idoles, la lumière divine d’Abraham détruit les forces démoniaques, les cercles symbolisant la perfection. L’Après-midi de l’Achoura relie la narration religieuse au monde spirituel à travers des mouvements circulaires. Ces œuvres témoignent d’une expérience mystique. »
Enfin, Reza Gholami, professeur d’université et attaché culturel d’Iran en Autriche, a conclu : « Le maître Farshchian vivait dans un univers spirituel ; à travers les couleurs et les lignes, il parlait comme les grands poètes. Il unissait la mystique et la peinture, et avec un cœur pur, entreprenait un cheminement spirituel. En plus de son art, il avait un profond amour pour l’Iran et conseillait aux jeunes, quelles que soient leurs opinions, de travailler pour le progrès du pays. Il était un symbole de sincérité et d’humilité, et l’humanité a toujours besoin de tels maîtres. »
Outre les discours, une exposition d’œuvres choisies du défunt maître Farshchian a été présentée, incluant des chefs-d’œuvre tels que La Vertueuse, L’Après-midi de l’Achoura et d’autres peintures emblématiques.