
Le patriotisme dans la poésie de Sharriar se démarque des débats politiques et reflète la diversité et la profondeur de l’Iran, telle qu’elle se manifeste dans la vie quotidienne de son peuple. Sharriar, poète d’origine azérie, adopte une vision inclusive de l’identité nationale, qui allie judicieusement les dimensions nationales, religieuses et ethniques, reconnaissant la pluralité des peuples et croyances en Iran. Sa poésie devient ainsi un miroir de l’Iran dans toutes ses nuances culturelles.
Sharriar ne se limite pas à un nationalisme étroit, mais conçoit l’Iran au-delà des frontières politiques, comprenant aussi les régions historiques partagées avec des pays voisins comme le Tadjikistan et l’Afghanistan. Son fils, Hadi Behjat Tabrizi, rappelle que Sharriar était un « poète du peuple » et de tout l’Iran, attaché à une vision humaniste plutôt qu’à un culte identitaire rigide. Le poète est resté toute sa vie en Iran, profondément enraciné dans sa culture, son histoire et sa langue.
On retrouve dans les œuvres de Sharriar un patriotisme direct exprimé à travers des thèmes tels que l’histoire glorieuse de l’Iran, le respect de ses mythes fondateurs, et la célébration de sa géographie. Ce patriotisme se distingue par son refus des divisions nationalistes qui opposent les groupes linguistiques ou régionaux. Par exemple, malgré les tensions entre les parlers persan et azéri, Sharriar prône l’unité nationale et évite les discours qui pourraient diviser le pays.
Un autre aspect fondamental de son œuvre est sa profonde admiration pour la langue et la littérature persanes, notamment à travers des poèmes rendant hommage à des figures majeures comme Rumi, Hafez ou Saadi. Sharriar souligne l’importance mondiale de la langue persane grâce à ses chefs-d’œuvre littéraires. Son engagement linguistique est aussi personnel : bien que turcophone maternel, il considère que sa mission poétique doit s’accomplir en persan.
Enfin, Sharriar se distingue par son attention aux événements contemporains de son temps, notamment la guerre Iran-Irak (1980-1988). Il a écrit des poèmes dédiés aux combattants et aux martyrs, ce qui lui a valu une grande popularité auprès du peuple iranien. Il a exprimé une sincère solidarité avec la révolution islamique et ses idéaux, participant de façon active à ce moment crucial de l’histoire nationale.