
La littérature narrative de la Défense sacrée constitue un genre littéraire nouveau apparu en Iran parallèlement à la guerre imposée. Depuis lors, chaque année voit la publication de nombreuses œuvres aux perspectives variées, fondées sur la reconstitution et la réinterprétation des récits et souvenirs de guerre.
Dâ: un témoignage littéraire exceptionnel
Parmi les ouvrages les plus accomplis et les plus vendus de cette littérature, figure Dâ, recueil de mémoires de Seyyedeh Zahrâ Hosseini. L’œuvre adopte une structure chronologique et historique des événements de la guerre Iran-Irak, tout en respectant scrupuleusement la réalité des faits. Toutefois, comme la narratrice des souvenirs n’est pas l’auteure du livre, cette dernière a restitué et recréé les événements dans une prose simple, fluide et dotée de réelles qualités narratives.
Bien que l’auteure n’ait apparemment pas cherché à écrire un roman ou une fiction, les éléments narratifs et romanesques de Dâ sont manifestes. On peut même affirmer que la caractérisation constitue l’un des procédés littéraires les plus remarquables de l’œuvre. La narratrice utilise à la fois :
La caractérisation directe
La caractérisation indirecte (à travers les dialogues, les actions, les comportements, les environnements et les noms)
Le titre Dâ (signifiant mère dans un dialecte local) dépeint de manière saisissante, à travers un récit à la fois documenté et captivant, les visages de la mort et de la guerre perçus par une jeune fille de dix-sept ans. Ce témoignage brut, transcrit instant après instant, ne relève ni de l’autobiographie classique ni du roman de fiction. Les flashbacks, la construction des personnages et les dialogues créent une forme narrative qui, bien que romancée, s’appuie sur des événements réels, documentés dans un ouvrage de 800 pages.
Un acte de résistance culturelle
Seyyedeh Zahrâ Hosseini a expliqué au magazine Time sa motivation : « Quand le gouvernement américain a constaté que la guerre imposée par l’Irak à l’Iran n’avait pas réussi à affaiblir la République islamique, il a lancé une guerre culturelle. Ayant participé à la défense contre l’Irak, j’ai décidé de résister aussi sur ce front culturel. C’est pourquoi j’ai transformé mes souvenirs en livre. »
Cet ouvrage, salué par le Guide suprême de la Révolution islamique qui en a ordonné la traduction en plusieurs langues, a connu plus de cent cinquante rééditions et a été traduit en arabe, turc, anglais, ourdou et espagnol. En 2014, la narratrice s’est vue décerner la médaille d’honneur du combat dans le domaine de la culture et des arts.