
Le 28 Farvardin (17 avril), selon le calendrier iranien, est la journée dédiée à l’hommage du grand poète iranien, Hakim Sanaï Ghaznavi. Bien qu’il soit né et mort à Ghazni, Sanaï, après un voyage au Khorassan, a vécu une transformation intérieure en côtoyant les grands maîtres du soufisme. Dans sa jeunesse, il était un poète de cour au service de Mas’ud Ghaznavi, mais après sa métamorphose spirituelle, il utilisait un langage acerbe et critique pour dénoncer de nombreuses anomalies sociales et morales de son époque. Il est devenu un homme de grande envergure, tourné vers l’intérieur, observant la corruption, l’hypocrisie et l’injustice du monde avec un regard critique.
L’une des caractéristiques les plus remarquables de ses poèmes est la fusion de la sagesse et de la mystique avec la critique sociale. En effet, ce poète utilisait différents genres poétiques, comme la qasida, le masnavi et le ghazal, pour mettre en lumière des concepts profonds.
Hadiqat al-Haqiqa (Le Jardin de la Vérité) est l’une des œuvres les plus importantes de Sanaï. Ce poème épique est le premier à exposer de manière étendue les concepts mystiques, ayant inspiré de grands poètes tels qu’Attar et Rûmî. Sanaï était initialement un poète de cour, mais après ses transformations spirituelles et son inclination vers le soufisme, les sujets de ses poèmes ont changé. Il est le premier poète à avoir introduit des termes mystiques dans la poésie persane, ouvrant la voie à des poètes majeurs comme Attar, Rûmî et Hafez.
En outre, Sanaï est connu pour l’usage d’un langage simple et fluide, tout en intégrant habilement des concepts mystiques complexes dans ses poèmes. Son style poétique est une fusion de poésie philosophique, mystique et critique, et il aborde un langage acéré pour dénoncer la société matérialiste, l’hypocrisie et les attachements mondains, tout en remplissant ses œuvres de concepts profonds qui témoignent de sa vision philosophique et mystique du monde. La critique de l’attachement aux biens matériels, la mystique et la quête spirituelle, ainsi que la dénonciation des gouvernants, sont des thèmes récurrents dans ses poèmes. Il exhorte fréquemment ses lecteurs à renoncer aux dépendances temporaires du monde.
Hadiqat al-Haqiqa est l’un des poèmes les plus connus de Sanaï, comportant plus de 11 000 vers. Il est écrit en masnavi et contient des enseignements éthiques, religieux et mystiques. Dans ce poème, Sanaï, critiquant le matérialisme, invite les lecteurs à mener une vie spirituelle. Voici un exemple d’un de ses vers :
« De ces compagnons fragiles mon cœur est accablé,
J’aspire à être aux côtés du lion de Dieu et de Rostam légendaire »
Dans ce vers, Sanaï se plaint de ses « compagnons fragiles », ce qui reflète son mécontentement envers les personnes faibles et indécises, qui ne sont pas fermement engagées sur le chemin de la vérité. En revanche, il exprime son désir de rejoindre « le lion de Dieu » (Imam Ali) et « Rostam-e Dastân », qui sont les symboles de la bravoure, de la puissance et de la détermination. Ce vers illustre clairement la vision de Sanaï sur l’importance des leaders spirituels et des héros moraux.
Ainsi, on peut dire qu’un grand nombre de poèmes de Sanaï expriment les étapes de la quête mystique et l’effort de l’homme pour découvrir la vérité. C’est précisément ce qui rend son œuvre éternelle.